L’agriculture biologique continue sa progression en Europe

 

  • Par Florian Pierrat    Mis à jour Publié 

La consommation de produits issus de l'agriculture biologique était estimée en 2015 à environ 28,3 milliards d'euros en Europe.

VIDÉO – Les produits bio voient leur consommation toujours augmenter, au même titre que les conversions d’exploitations agricoles au bio. La France entend encourager encore son développement, en utilisant notamment la PAC.

Le bio est toujours en forme en Europe avec une demande de la part des consommateurs pour une alimentation saine toujours plus croissante. En 2015, la consommation de produits issus de l’agriculture biologique était estimée à environ 28,3 milliards d’euros en Europe, dont près de 70% rien qu’en France, au Royaume-Uni, en Italie et en Allemagne. Notre voisin d’outre-Rhin est d’ailleurs le premier marché européen: il a vu son chiffre d’affaires du secteur quadrupler en quinze ans avec 8,62 milliards d’euros. Mais le pays du Vieux Continent qui voit son marché bio le plus progresser reste la Suède, le pays nordique ayant vu son chiffre d’affaires du bio augmenter respectivement en 2014 et 2015 de 38 et 39% pour s’établir à 2,3 milliards d’euros.

La surface cultivée en agriculture biologique est également en forte progression sur cinq ans dans la plupart des pays de l’UE (sauf au Royaume-Uni et aux Pays-Bas), avec un bond moyen de 21%, pour un total de près de 11,1 millions d’hectares (en 2015). Un chiffre qui peut paraître impressionnant, mais qui ne représente en réalité seulement que 6,2% de la surface des terres agricoles de l’Europe des 28. Conçernant la superficie moyenne, selon les chiffres d’Eurostat, la Slovaquie et le Royaume-Uni sont les pays où les exploitations en agriculture biologique sont les plus grandes. À l’inverse, en France ou en Italie par exemple, les surfaces sont en moyenne inférieures à 50 hectares.

La France veut soutenir cette émergence en redistribuant la PAC

Dans l’Hexagone, selon les derniers chiffres publiés par l’Agence Bio et portant sur l’année 2016, c’est une tendance similaire qui a été observée. Les surfaces agricoles bio ont augmenté de 16% sur un an pour atteindre près de 1,5 millions d’hectares engagés dans l’agriculture biologique, dont près de 33% en cours de conversion. L’agriculture biologique représentait donc près de 5,7% de la surface agricole utile totale du pays fin 2016. Un chiffre que Stéphane Travert, le ministre de l’Agriculture, veut faire passer à 8% d’ici 2021.

Pour s’y atteler, l’État va continuer les aides à la conversion à l’agriculture bio, et en faire une «priorité», a déclaré ce lundi Stéphane Travert. Les crédits d’impôts en faveur de l’agriculture bio seraient maintenus en 2018, bien que la mesure doive faire l’objet d’un «arbitrage» par Matignon, selon le ministre. Jeudi dernier, il avait également annoncé une redistribution des aides européennes, en transférant à hauteur de 4,2% des crédits de la PAC (Politique Agricole Commune) du premier pilier, consacré aux aides à l’hectare, ou aux aides couplées pour certaines productions difficultés, vers le second pilier, qui regroupe notamment les aides au développement rural, aux agriculteurs en zone difficile, et à l’agriculture biologique.

Une annonce qui n’a pas convaincu les différents syndicats et fédérations du secteur agricole qui s’opposent sur le sujet, à coup de communiqués. Pour la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) qui défend plutôt le premier pilier, cette redistribution est «inacceptable», car elle priverait d’aides les exploitants agricoles qui traversent «une crise grave avec des prix de marché qui ne couvrent plus les coûts de production».

Du côté de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB), on juge la mesure insuffisante: «Cela témoigne d’un manque criant de courage politique face à l’agro-industrie et l’agrochimie», a déclaré dans un communiqué Stéphanie Pageot, la présidente de la fédération. Même tonalité du côté de l’ONG Greenpeace France qui prône via un communiqué un transfert plus important à hauteur de 12,1%: «L’agriculture écologique restera le parent pauvre de l’agriculture française. Pourtant, la solution est là! Il suffirait de prioriser et transférer une partie des énormes subventions accordées à l’agriculture industrielle (qui détruit la planète), pour financer l’agriculture biologique qui rend de vrais services à la société», indique l’ONG.