http://www.europe1.fr/societe/pour-eviter-la-crise-de-plus-en-plus-dagriculteurs-se-mettent-au-bio-2927105 08h18, le 15 décembre 2016, modifié à 09h47, le 15 décembre 2016
2016 restera dans les annales comme une année noire pour les agriculteurs. Ils ont en effet perdu plus d’un quart de leurs revenus cette année, selon une étude de l’Insee. Crise du lait, crise de la viande, mauvaises récoltes, etc. Les facteurs sont légions pour expliquer cette chute brutale. Pour tenter de redonner des couleurs au secteur, le principal syndicat agricole, la FNSEA, a formulé plusieurs propositions. Et la piste n°1 serait de développer l’agriculture biologique. Un marché où les opportunités sont immenses.
La consommation bio explose… En menant cette enquête, tous les distributeurs nous ont donné la même réponse : il y a une explosion de la demande ! Dans les céréales, les légumes, les fruits, le lait, la viande, les œufs, la consommation en bio a augmenté de 20 % cette année. Sauf que ce marché est confronté à un problème de taille : il n’y a pas assez de production. Les producteurs ne suivent pas, les rayons des supermarchés sont très souvent en rupture de stocks. Même dans les magasins spécialisés, les volumes sont beaucoup trop faibles.
… mais l’offre ne suit pas. Prenons par exemple Picard. Le distributeur est obligé d’aller s’approvisionner en Belgique pour maintenir ses stocks de produits bio. Un autre chiffre illustre la tendance : chaque semaine, il manque 100 tonnes de lait bio, selon la fédération nationale d’agriculture biologique. En d’autres termes, il manque en France au moins 15 grosses fermes avec une cinquantaine de vaches laitières.
Le bio, un vrai bonus pour les agriculteurs. Pour les agriculteurs qui se sont mis au bio, ça marche la plupart du temps. Les producteurs gagnent beaucoup mieux leur vie dans l’agriculture biologique. Et pour cause, les produits bio se vendent plus cher que les autres. Une brique de lait bio coûte par exemple 40 centimes d’euro de plus qu’une brique de lait standard. Dans un secteur totalement dévasté comme l’est celui du lait, ces 40 centimes font toute la différence.
Fabien Perrot, qui dirige une exploitation à Rambouillet, en Île-de-France, est passé au bio. En une seule année, il a déjà doublé son chiffre d’affaires. « Le lait était vendu entre 26 et 30 centimes. Aujourd’hui, on vend notre lait à 57 centimes, ce qui est plus double du prix conventionnel », assure-t-il. « Ça, c’est d’une part grâce à l’agriculture biologique mais c’est aussi grâce au circuit qu’on a mis en place avec les transformateurs ».
Une (trop) longue transition pour se mettre aux normes. Si ça marche aussi bien, pourquoi n’y a-t-il pas assez de producteurs bio aujourd’hui en France ? La raison est simple : la transition est longue. Il faut en moyenne 2 ans minimum pour se mettre aux normes. Deux années pendant lesquelles le producteur a tous les inconvénients du bio sans les avantages. Il doit supprimer les engrais, les pesticides et changer l’alimentation des animaux. Mais pendant deux ans, il ne peut pas vendre ses produits plus cher car il n’a pas encore le label bio.
Avec de telles contraintes, les rendements baissent forcément, la production chute et les coûts augmentent pour l’agriculteur. Il faut donc pouvoir supporter financièrement cette transition. Et ce n’est pas donné à tout le monde, surtout aujourd’hui… Un agriculteur gagne en moyenne 1.500 euros net par mois, un salaire souvent unique pour toute une famille. Gwenaël, éleveur en Bretagne, est justement est en pleine transition. « Il faut y croire et après il faut pouvoir être soutenu par sa banque », explique-t-il. « Nous, on a eu la chance de bénéficier d’une baisse des remboursements d’emprunt car les taux ont diminué ».
Des aides qui tardent à arriver. Et puis, il y a aussi des pressions des lobbys industriels qui freineraient le développement du bio en France. Autre problème : le flou total sur les aides financières. Le budget existe pourtant. Il provient de la politique agricole commune (PAC), de Bruxelles, et est ensuite distribué par les régions aux agriculteurs. Mais une grande partie de ces aides ne va pas toujours aux producteurs bio.
Achète-t-on vraiment du 100% bio ? Non, presque jamais, enfin jamais à 100 %. Il y a toujours une petite partie de pesticide. Il existe une tolérance, pas plus de 0,9 % par exemple pour obtenir le label AB, mais attention, ce sont des pesticides autorisés : des pesticides naturels, comme le souffre ou le cuivre, et non des pesticides de synthèse, des pesticides chimiques qui sont interdits.