2016, année historique pour l’agriculture biologique

 

Par Elodie Tymen, AFP, AP, Reuters Agences,  Publié

 

La part consacrée à l'alimentation biologique a progressé de 20% en 2016

En 2016, la part de l’alimentation biologique a bondi de 20% et les surfaces consacrées à l’agriculture biologique ont progressé de 16%, selon une étude publiée mardi par l’Agence Bio.

Le bio n’a jamais suscité autant d’engouement, comme en témoignent les chiffres publiés* mardi 21 février par l’Agence Bio, qui qualifie l’année 2016 d’«historique». Du côté de l’alimentation, le bio a fait un bond de 20 % en un an dans le panier du consommateur. En 2016, les consommateurs de l’Hexagone ont dépensé 7 milliards d’euros pour manger et boire des produits labellisés sans produits phytosanitaires ni OGM. D’après les derniers chiffres du Baromètre Agence BIO, près de 9 Français sur 10 (89%) ont consommé bio en 2016 et près de 7 sur 10 (69%) disent consommer régulièrement bio, au moins une fois par mois. Des chiffres loin de ceux enregistrés lors de la première édition du Baromètre en 2003 puisque 46% des Français ne consommaient jamais de produits bios.

Si la consommation de produits bio a le vent en poupe, le nombre d’exploitants agricoles autorisés à utiliser le sigle de la feuille verte pour leur production a progressé de 12 % en un an pour atteindre le nombre de 32.326 exploitants à la date du 31 décembre 2016. En effet, la surface agricole engagée dans l’agriculture biologique a augmenté de 16 % en 2016 et totalise ainsi 1,5 million d’hectares, en augmentation de 5% par rapport à l’année précédente. Ce qui place la France en troisième position au sein de l’Union européenne. Par ailleurs, quatre États membres, l’Espagne, l’Italie, la France et l’Allemagne, concentrent plus de la moitié (52%) de la superficie totale consacrée au bio.

Cette progression de conversion est particulièrement prononcée en Occitanie, qui totalise 20% des producteurs bio français, soit plus de 7.220 producteurs, précise l’Agence Bio. L’Occitanie est suivie par les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine. Ces trois régions sont aussi celles qui ont connu le plus grand nombre de conversions en 2016, ajoute l’agence française.

Un boom sur fond de crise et effet de voisinage

La crise qui a secoué ces dernières années l’agriculture française explique en partie ce grand nombre de conversions. «L’environnement économique et notamment la crise de l’élevage ont accéléré les décisions des agriculteurs pour passer du système conventionnel au système bio», souligne au Figaro Élisabeth Mercier, ex-directrice de l’Agence Bio et inspectrice générale de l’agriculture. En effet, la chute des prix du lait et de la viande a convaincu nombre d’éleveurs de se lancer dans l’aventure du bio.

Pour Florent Gulh, actuel directeur de l’Agence Bio, «Il y a un phénomène de voisinage. Quand un agriculteur se convertit au bio, ses voisins s’interrogent et sont tentés de suivre l’exemple», explique-t-il au journal Le Monde. L’effet d’entraînement joue aussi son rôle dans le développement de la consommation. Selon les résultats d’un sondage de l’Agence Bio, 7 Français sur 10 déclarent acheter régulièrement des produits bio. Cet essor de la vente des produits bio en France doit beaucoup à la course des grandes enseignes vers ce marché lucratif, mais aussi au développement des enseignes spécialisées comme Bio c’ Bon, Naturalia ou encore La Vie claire. D’ailleurs, L’Agence Bio précise que les ventes dans les magasins spécialisés ont progressé de 25% en 2016 par rapport à 2015.

Toutefois, tout n’est pas rose. La situation financière de certains agriculteurs fraîchement convertis au bio devient «intenable». Les aides de 2015 pour les agriculteurs bio n’ont toujours pas été versées dans leur totalité déclare la Fédération nationale d’agriculture biologique dans un communiqué du 16 février 2017. Communiqué dans lequel la fédération dénonce la situation de certains agriculteurs bio en grande difficulté financière «malgré une bonne santé de leurs exploitations» et appelle à la mobilisation de tous les agriculteurs bio.

* Étude menée par internet du 15 au 25 novembre 2016 auprès d’un échantillon représentatif de 1002 Français âgés de 18 ans et plus.